d’après les mots poulpe – nez – mince – poivre -pot, obtenus d’un générateur aléatoire de mots sur internet, teintés de deux anecdotes d’éternuement et d’aboiement
J’imagine que comme moi, vous avez déjà entendu toutes sortes d’histoires ahurissantes. Il est même possible que nous en connaissions certaines qui se ressemblent beaucoup. Cependant, comme c’est la première fois que je vis une telle aventure, je ne résiste pas au plaisir de vous la raconter.
Rien d’extraordinaire ce jour-là, un ciel bleu, pas plus pas moins que celui des jours précédents. Quelques nuages peut-être, de-ci de-là, laissaient entrevoir un changement imminent de temps, mais rien d’alarmant. Non, vraiment, rien de particulier. Si, tout de même, sans que cela ait une influence directe sur ce qui va suivre, je dois préciser que nous avions mangé du poulpe le midi, ce qui n’était jamais arrivé auparavant et que j’ai d’ailleurs trouvé très désagréable. Toutes ces petites ventouses alignées le long des tentacules qui s’agrippent aux papilles gustatives dans le furieux espoir d’en réchapper, quelle affreuse expérience ! Si j’avais été plus attentive, ça m’aurait mis la puce à l’oreille.
Oui, j’aurais dû me méfier. Au lieu de cela, je suis sortie sans prendre garde, pour parcourir les rues jusqu’au parc. J’errais, le nez au vent, sans me soucier de rien, quand un affreux aboiement est soudain venu me tirer de ma rêverie. Surprise par ce manque de savoir vivre, je me suis tournée dans tous les sens à la recherche du responsable. Vous me croirez si vous voulez, car je suis d’accord avec vous, ça n’arrive jamais, je n’ai pas vu un chien, pas un seul, pas même un tout petit minus riquiqui chien-chien aux alentours. Intriguée, je n’ai pas voulu en démordre. J’ai continué mon tour d’horizon, disons plutôt mes tours d’horizon. Sans aucun doute, ils auraient fini par me donner le tournis si je n’avais pas été arrêtée par cette vision saisissante d’une grande femme sans âge soulevant ses longs doigts minces pour les placer devant sa bouche au moment d’éternuer, vous l’aurez deviné : un aboiement.
Vous n’imaginez pas à quel point cela a été perturbant. Pourtant, après trois aboiements supplémentaires, la plaisanterie a cessé comme elle avait commencé. Je n’ai donc pas voulu trop m’en faire. J’avais finalement une sorte d’explication dont je pouvais me satisfaire. Seulement, une question m’empêchait de reprendre ma promenade en oubliant cet étrange événement. Je me demandais si cette femme aux cheveux poivre et sel parlait chien, comme elle éternuait chien, ou si elle ne faisait qu’éternuer chien et continuait à parler humain. Comme je voulais en avoir le cœur net, je me suis approchée d’elle d’un pas décidé, cherchant une question anodine mais pertinente à lui poser de manière à obtenir ma réponse. C’est à ce moment, tenez-vous bien, qu’un chien, un énorme chien est entré dans le parc en se précipitant vers la femme. Il s’est arrêté net à ses pieds, a posé sur sa chaussure la balle qu’il tenait dans la gueule et l’a regardée d’un air idiot en aboyant, vous n’allez pas me croire : un coin-coin de canard.
Je dois avouer que ça en a été trop pour moi. J’ai rapidement décidé de ne pas chercher à en savoir plus de peur d’en perdre les pédales. Je me suis mise à courir sans réfléchir et c’est ce qui m’a amenée à foncer droit dans un énorme pot de faïence dans lequel ne poussait que des mauvaises herbes. Quand il m’a répondu « de rien » alors que je m’excusais distraitement de l’avoir dérangé, j’ai paniqué. J’ai repris ma course dans un grand désordre et c’est avec soulagement que j’ai claqué la porte de la maison derrière moi, accueillie par le ronronnement rassurant d’Aradon, le chat de la famille.