Tous les jours, on se réveille dans ce monde qui va de travers. Sachant ça, parce qu’il est impossible de l’ignorer, on se lève et on fait tout pour avancer le plus droit possible. Alors ça ne va pas sans mal, on butte forcément sur une aberration, une injustice, voire un crime. Il arrive souvent que l’on se blesse, parfois ce n’est qu’une égratignure mais ça peut quelquefois s’avérer bien pire.
Et pourtant on repart, les lèvres pincées, se disant que rien ne va plus. Puis on secoue la tête, et revenu de tout, on se penche pour regarder pousser les fleurs, parce que c’est d’une infinie poésie, parce que dans une tige et cinq pétales se nichent les mystères de l’univers. On n’est pas dupe, loin de là, mais comme il faut bien vivre, on se console comme on peut.
Et on pourrait y croire, on voudrait y croire jusqu’à ce que cet imbécile, peu importe lequel, il y en a toujours un, vienne tout piétiner parce que c’est la faute des fleurs, la faute des autres et no futur, il y a que moi qui dit qui est. Et alors quoi? On serait tenté par une sortie de route, traverser sans regarder pour aller lui dire, droit dans le nez ce que l’on pense de lui. Laisser monter le ton, pour une fois. Vouloir lui crever les yeux, pourquoi pas? Avant de se rendre compte que même si on l’a pris le pied sur les pâquerettes, tout ne peut pas être sa faute. Mais alors quoi ? Qui tire les ficelles ? Lui ou elle, toi, moi, nous? Et eux, alors ?
Là, on respire un grand coup et on se dit qu’on n’a pas les épaules assez larges. Ça non, il ne manquerait plus que l’on soit les dindons de la farce. Mais quand même, on n’a pas l’esprit tranquille pour autant et on sent qu’il reste un petit doute bien accroché au fond du crâne. Est-ce qu’à force de marcher si droit, on ne serait pas passé à côté de quelque chose ? Alors on hésite, on retourne ça dans tous les sens et on se dit qu’il faudrait sûrement prendre le temps de regarder en arrière pour chercher ce qu’on a raté en chemin. Ces on ne sait quoi, qui ont tout mis à l’envers.