Les tours de bras

À grands tours de bras, je m’agite en tous sens. Colmater les brèches, panser les interstices, consolider les maigres fondations qui vacillent sans même que la terre tremble. Je m’applique à tel point, que je ne te vois pas, jeter ta pelle par-dessus ton épaule et glisser les mains dans tes poches, nonchalamment. Je sens peut-être, l’odeur de roussi quand tu craques une allumette contre le grattoir de la boîte que tu en as tiré. Je me retourne certainement, curieuse. Je dois bien admettre que j’ai à peine le temps d’envisager de me jeter sur toi pour t’en empêcher, que tu as déjà, d’une pichenette, lâché la flamme sur ce qui restait de nous. J’hésite alors, tétanisée par je ne sais quel effroi. Je pourrais, oui, me lancer sur le brasier dans l’espoir vainc de l’étouffer. Ou bien sans doute, ce serait une idée, t’attraper par les épaules et te secouer sans fin, pour que tu reviennes à toi, pour que tu me reviennes. Je pourrais, encore et indéfiniment, tenter ici, essayer là. J’hésite encore, et je reste là, retenue par nos bras ballants, qui ont perdu l’élan d’autrefois.