Tu peux me croire, si tu fais quelques recherches sur internet, c’est sans appel : dix mille ! Tu dois faire dix mille pas par jour minimum pour rester en bonne santé. Tu m’entends ? Alors franchement, il va falloir que tu t’y mettes, et sérieusement. C’est pas tes allers-retours frigo-canapé qui vont faire exploser ton score. Regarde toi, ça ne peut pas durer comme ça. T’es en train de te transformer en baleine dépressive. Non, vraiment, il va falloir que tu t’y mettes, et rapidement. Quoi ? Comment ? C’est simple, j’ai fait le compte, si tu marches dans l’appartement en circulant au maximum dans chaque pièce, tu dois pouvoir faire une centaine de pas par tour. Ce qui nous amène à cent tours d’appartement par jour. Ok, ok, je te vois venir, cent tours d’appartement, c’est totalement absurde ! Oui, oui, très bien, je suis d’accord. J’ai tenté le coup et je me suis arrêté au bout de trois. Je ne vais pas te mentir, ça rend con. Mais j’essaie, au moins ! Tu as une meilleure idée, peut-être ? Quoi ? Marcher sur place ? Très bien. Là, tu veux dire que pendant que je te parle, je fais des pas, comme ça : une, deux, une… Je marche sur place. Et toi tu trouves ça mieux ? Là, tu me dis, en me regardant droit dans les yeux, que c’est moins ridicule ?
L’homme approche son visage à quelques centimètres du miroir. Il fronce les sourcils face à son reflet, tout en continuant à lever une jambe après l’autre. Il accélère le rythme petit à petit. Je peux courir aussi. On va gagner du temps, non ? C’est plus dynamique, on peut en faire moins. Disons cinq mille, ça te va ? Tu comptes ou c’est moi qui le fais ? J’en suis à quoi, là, 50 ? Il accélère encore. 51, 52, 53. Le souffle commence à lui manquer. Il s’arrête. Il se jette un dernier regard avant de quitter la pièce. Je crois que je t’ai assez vu pour aujourd’hui. Fais comme tu veux, moi je vais bouquiner.