Elle se réveille en sursaut, s’assied au milieu du lit. Elle essaie de fixer les images qui s’agitent dans son esprit. Elle se voit dans une pièce immense, la lumière y est vive, changeante. Des tables encombrées de plats entamés, de verres vides, l’entourent. Des sons lui reviennent en mémoire, de la musique. Il doit s’agir d’une fête. Oui, elle se souvient maintenant, elle fête son départ mais avec des gens qu’elle ne reconnaît pas. Tous la félicitent, admiratifs, pourtant ce qu’elle ressent n’a rien à voir avec leur enthousiasme. Elle est perdue, apeurée. Elle sait qu’elle n’y arrivera pas. Elle se voit maintenant avec un casque sur la tête, regardant à travers une vitre l’immensité de l’espace. La lumière est aveuglante malgré l’opacité de l’horizon. Elle entend sa respiration se briser contre la visière. Un voile de buée s’y dépose. Elle est seule dans une capsule qui fait tout juste sa taille. Elle se sent oppressée. Un flot de pensées confuses l’envahit, cependant l’une d’elles fait surface, elle ne tiendra jamais. Elle croit se souvenir qu’à ce moment, elle s’est éveillée, elle a tiré la couette sur ses épaules. Puis elle s’est certainement rendormie. Elle pense qu’elle a continué à rêver sans qu’aucun souvenir précis ne lui revienne, un vague brouhaha. Ensuite, elle se voit dans une chambre, probablement la sienne. Sa mère l’encourage à se presser, sinon elle va rater le départ. A nouveau ce vol spatial. Elle parcourt la pièce du regard à la recherche de ses chaussures. Elle réalise alors qu’elle ne sait pas quelles chaussures mettre pour partir dans l’espace.
Cette idée la fait sourire. Elle se lève pour se diriger vers la cuisine, avale un verre d’eau. Elle ouvre la fenêtre, une brise légère mais glaciale glisse sur son visage. Le ciel est noir, sans étoiles.