Absence

Il entre dans la chambre. Il ne sait plus très bien ce qu’il est venu y faire. Il parcourt la pièce des yeux. Aucun des objets qui s’y trouvent ne l’aide à se remémorer ce qui l’a poussé à venir ici. Il s’assied un moment sur le lit. Il se concentre sur ce qu’il était en train de faire un peu plus tôt, dans l’espoir de retrouver le fil de ses pensées. Il lisait. Il avait senti la fatigue l’envahir, ses yeux se brouillaient. Il avait peut-être pensé aller s’allonger un peu. Il n’en est pas convaincu. Il pouvait très bien s’étendre un moment sur le canapé, comme cela lui arrive de plus en plus souvent ces derniers jours. Il se lève sans conviction pour repartir vers le salon, lentement. Le livre est posé sur la table basse, ouvert à la page qu’il a abandonnée. Il s’assied dans le fauteuil et l’attrape pour parcourir rapidement les dernières lignes. Aucun indice, ici non plus. C’est probablement sans importance, mais il ne réussit pas à passer à autre chose. Il se lève pour s’avancer vers la fenêtre. La rue est déserte. Un oiseau se pose sur le réverbère d’en face. Il reprend sa déambulation et traverse la cuisine, emprunte le couloir. Il ouvre la porte de la salle de bain pour la refermer aussitôt. Il entre à nouveau dans la chambre. Il cherchait certainement à s’étendre plus confortablement que sur le canapé. Non, vraiment, il n’en est pas du tout convaincu. Il se penche pour regarder sous l’armoire. Rien. Il se dirige vers le dessous du lit, sans se redresser. Il aperçoit dans l’ombre une forme qu’il ne parvient pas à distinguer. Il se met à plat ventre et réussit en étirant le bras aussi loin qu’il le peut à attraper le mystérieux objet. Il le ramène vers lui. C’est curieux, un cycliste en plastique. Il ne pense pas l’avoir déjà vu, alors il ne voit vraiment pas comment il a atterri ici. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas ce qu’il était venu chercher. En retirant la poussière qui enveloppe le jouet, il se souvient de ce qu’il voulait, une carte de la région. Il s’était dit que ça le ferait s’évader un peu de parcourir du doigt les routes en lisant les noms de villes et de villages. Il quitte la chambre, le cycliste serré au creux de la main. Les cartes sont rangées dans le bureau.