Elle est assise sur le fauteuil du salon, qu’elle a placé face à la fenêtre. Elle a dû la refermer dès que les premières gouttes de pluie ont commencé à tomber sur le parquet. Elle regarde le ciel gris, que rien ne traverse, même pas un pigeon égaré. Elle attrape le livre qu’elle a posé sur ses genoux et le laisse glisser par terre. Il y a bien dix minutes qu’elle lit et relit les mêmes phrases sans réussir à faire de lien entre elles. Elle a beau se concentrer, rien n’y fait. Au bout de trois mots, son esprit se disperse et plus rien de ce qu’elle lit n’a de sens. Elle abandonne. Elle pourrait allumer la radio. Écouter une émission, ou bien de la musique. Elle ne sait pas ce qui passe en ce moment, mais il suffirait de faire le tour des différentes stations. Il y a forcément quelque chose d’intéressant diffusé sur l’une ou l’autre. Elle hésite un moment, puis renonce. Il est encore un peu tôt pour cuisiner, mais elle pourrait déjà décider de ce qu’elle va préparer, chercher une nouvelle recette. D’ailleurs, elle mangerait bien indien. Elle se voit saliver devant la liste des ingrédients, seulement elle sait déjà qu’il lui en manquera la moitié. C’est systématique. Ce ne serait pas tout à fait la même chose, mais elle pourrait adapter, faire avec les moyens du bord. Ce serait mieux que rien. Si elle continue à se trouver des excuses, elle va encore manger des spaghettis. Si, au moins, elle se concoctait des sauces, mais non. Des spaghettis, rien d’autre. Elle adore ça, c’est vrai, mais ça appuie un peu sur la monotonie de ces dernières semaines. Elle verra plus tard, rien ne presse. Un rayon de soleil perce derrière les nuages. Elle se lève et attrape un magazine ouvert sur une grille de mots-fléchés. Allez, courage !