Le roman

Putain, quelle poisse ! Je vais devoir tout reprendre depuis le début. C’est complètement impensable d’écrire un récit qui se déroule en 2037 sans évoquer, à aucun moment, cette foutue pandémie et tout ce merdier de confinement. Oui, c’est sûr, ça donne de la matière, ça induit de la fiction, je ne peux pas le nier. Mais vraiment, ça ne m’inspire pas. Je trouve ça tellement cliché, le coup du virus qui déstabilise le monde. Et pourtant… Je n’ai pas le choix, je vais devoir faire un effort. Quoi qu’il en soit, je peux très bien me contenter du minimum. Seulement même sans en faire trop, ça va être un casse-tête sans nom de faire entrer ça dans ma trame. Ce n’est pas comme si j’en étais au tout début. J’aurais pu tout remodeler, en l’intégrant en amont. Non, là, je suis trop avancé, il va falloir que je fasse du tissage. Ou alors, je me situe encore plus loin dans le temps, pour que ce soit un vague souvenir que je n’aurais à évoquer que par ci, par là. Le problème, c’est que toute mon intrigue tombe à plat elle aussi, comme elle s’appuie sur un prolongement de notre époque. Dix-sept ans, c’est demain, à l’échelle de l’anticipation. Non, ce sont vraiment deux livres différents, on ne peut pas cumuler catastrophe sanitaire et écologique. Ou si, l’une annonçant l’autre ou vice versa. La solution, ce serait alors d’écrire un prologue et d’enchaîner sur ce que j’ai déjà écrit en ajoutant quelques passages dans le corps du récit. Le pire étant à venir, ça devient un point secondaire que je n’ai pas besoin de développer plus que ça. Oui, comme ça, éventuellement, ça pourrait fonctionner. Je vais devoir creuser un peu la question, mais s’il faut vraiment positiver, puisque c’est ce qui nous fait tenir, malgré tout, c’est que j’ai tout le temps nécessaire devant moi pour y réfléchir.