Il se tourne une nouvelle fois dans le lit. Il tire la couette sur ses épaules. Quelques minutes s’écoulent avant qu’il se redresse pour repositionner les oreillers. Il s’installe sur le dos puis se remet sur l’autre côté presque immédiatement. Il la regarde, son visage pourtant paisible s’agite par instants de soubresauts. Elle rêve peut-être. Il change encore de côté, soupire, puis se retourne à nouveau vers elle. Il a le sentiment qu’elle a ouvert les yeux. Son souffle a changé. Il s’approche et lui glisse très doucement à l’oreille :
– Tu dors ?
Comme elle ne réagit pas, il repose sa question un peu plus fort jusqu’à la sortir de son sommeil. Elle murmure :
– Qu’est-ce qui se passe ? Tu ne dors pas ?
– Non, et ça dure depuis des heures.
– Tu pourrais lire. En général ça te réussit assez bien.
Il lève une main, qu’il laisse retomber lourdement sur le matelas en signe de découragement.
– C’est ce que j’ai commencé par faire, mais je ne sais pas pourquoi, cette nuit, ça ne fonctionne pas du tout. J’ai les yeux qui se ferment au bout de trois pages, seulement dès que je pose le livre, je recommence à ruminer les mêmes pensées.
– Et à quoi penses-tu ?
– C’est le plus terrible, je crois que je ne pense à rien de spécial, rien d’important. Les idées tournent sur elles-mêmes et en attendant, je ne dors pas. Je n’en peux plus…
Elle ouvre les yeux, qu’elle avait gardés fermés jusque là, dans l’espoir de ne pas s’éveiller tout à fait. Elle le regarde avec malice.
– Et maintenant que je suis réveillée, tu te sens mieux ?
– Je suis désolé, je croyais que…
– Ce n’est rien. Alors, comment faire ?… Tu veux que je te raconte une histoire ?
– Une histoire ? Oui, une histoire, pourquoi pas ? Ça ne t’ennuie pas ?
Elle lui sourit tendrement.
– Très bien… Demain matin, une fois que tu auras pris ton petit déjeuner et que tu te seras préparé, tu vas sortir…
– Sans attestation ?
– Sans attestation.